La création est une arme dans la vie… au sens de force pour affronter le quotidien, pour aiguiser les sens, pour admirer l’infini, le tout et le rien, pour aimer.
J’ai toujours été fascinée par l’acte de création, préférant très souvent les croquis, les ébauches, au rendu final, plus conceptualisé (je ne vais pas dire conventionnel).
J’aime les ratures, les fautes d’orthographe (les miennes aussi), les « à peu près » : ce labeur de tous les instants, cette spontanéité du trait et de l’esprit.
Ainsi « Richesses du livre pauvre » de Daniel LEUWERS m’a conquise rien que par une page.
Ces livres, hors norme, apportent toute cette créativité diffuse, exhortée, qui me laisse sans voix. Rencontre entre forme, image et texte : mots, dessins, couleurs, poésies, découpages, photographies… une association, une illustration, un accompagnement, une description, une mise en abime, un échange culturel, une combinaison-exploration des techniques… un livre pauvre et tellement riche…
« Dans sa définition première, le livre pauvre est une pratique qui a déjà ses habitudes et ses adeptes. Il s’agit essentiellement, pour certains poètes et artistes, de faire diversion au livre de luxe. [...] Il y a certainement quelque nostalgie diffuse dans la réhabilitation de l’écriture manuscrite et dans le recours à ce que l’on considère comme un geste premier -même si manuscrire un poème ne correspond jamais à l’écriture originale, le plus souvent réservée aux brouillons ou à ce qu’on a appelé les " avants-textes ". Mais il y a un aiguillon encore plus puissant : la recherche par le poète et le peintre d’une discrète mise à nu devant la matière picturale et scripturale. Une épreuve du feu qui sort tout autant le poète que le peintre de leur solitude et les invite à une solidarité esthétique en même temps qu’à un étrange corps à corps où la guerre des signes fait rage en vue d’une issue pacifiée : le livre dans sa nudité éclatante. » (extrait du « Livre pauvre » de Daniel LEUWERS pris d'ici d'un extrait plus long et très, très pertinent, à lire donc)
Un « livre pauvre » est un livre d’art, de croquis, de textes, de saveurs… de rencontres…
« (…) il y aurait, de toute façon, un doute pour préciser et pour nommer, aujourd’hui, ce qu’après les premiers peintres des grottes ou les peintres du premier art roman, ont initié Charles Cros et Edouard Manet autour de « Le Fleuve » en 1874, puis Stéphane Mallarmé et Edouard Manet autour du "Corbeau" d'Edgar Poe en 1875 :
livre de peintre, livre illustré, livre de bibliophilie, livre simultané, livre d’artiste, artist’s book, livre-objet, livre peint, livre manuscrit-peint, livre singulier, livre exemplaire, présence artiste, poésure et peintrie, livre de dialogue, livre pauvre… » (extrait de "En regard du travail de Jacques Dupin" de Jean-Gabriel Cosculluela, trouvé ici )
Alors voilà, pour me délecter, pour m’offrir du luxe en un seul livre, pour entrer dans cette intimité du manuscrit, de la poésie et du dessin presque unique… j’aimerais bien « Richesses du livre pauvre » de Daniel LEUWERS…
pour vous donnez envie encore c’est ici, ici ou en image là ? Je serais aussi ravie de lire "Livre pauvre, Livre riche" du même auteur.
*source papier artisanal travaillé, retravaillé de Cat: Waterloo, de quoi reprendre la création par le début… sa page blanche, son papier